Les résultats du scrutin • Mais aussi — Big Mac, Elargissement, BCE
Bonjour. Nous sommes le 10 juin et voici votre condensé utile d’actualité européenne. Suivez-nous également sur Twitter et LinkedIn.
Les résultats des élections européennes sont tombés. On vous propose une première analyse au lendemain du scrutin.
Résultats provisoires des élections européennes (10 juin au matin) © Parlement européen
RÉSULTATS • Voici les résultats provisoires des élections européennes en ce lundi 10 juin au matin :
Quelques observations :
Ce Parlement européen ressemble beaucoup au précédent. Dans l’ensemble, les groupes politiques maintiennent des effectifs à peu près similaires à ceux du mandat 2019-2024.
Il y a cependant un virage à droite : le Parti populaire européen (PPE, centre-droit), l’ECR (Conservateurs et réformistes, à droite du PPE), le groupe ID (Identité et démocratie, considérés à droite de l’ECR) et les non-inscrits d’extrême droite consolident tous leur position au Parlement.
L’extrême droite progresse, certes, mais beaucoup moins qu’anticipé.
La majorité pro-européenne — entre les sociaux-démocrates (S&D), les libéraux (Renew) et le PPE — se maintient (mais sort affaiblie du scrutin). On peut donc s’attendre à ce que l’orientation politique du Parlement européen reste relativement stable.
Le PPE est le vainqueur de ces élections. Il maintient sa position de premier groupe politique au Parlement européen, ce qui lui donne une forte légitimité pour défendre la candidature d’Ursula von der Leyen pour un second mandat à la tête de la Commission européenne.
Le groupe des non-inscrits (auquel appartient le parti allemand AfD ou encore le parti hongrois Fidesz) fait une poussée importante.
Les libéraux de Renew et les Verts sont les groupes politiques qui perdent le plus de sièges au Parlement européen.
Pour la France :
Résultats des élections européennes en France © Parlement européen
Quelques observations :
Le Rassemblement National (ID) est le grand vainqueur de ces élections européennes avec 31,5% des voix, contre 23,3% aux dernières élections européennes.
La majorité présidentielle fait un score moitié inférieur à celui du Rassemblement National, avec 14,5% des voix (contre 22,4% en 2019). Ce résultat est un échec pour Emmanuel Macron, qui a annoncé la dissolution de l’Assemblée nationale, avec de fortes répercussions possibles au niveau européen dans les prochaines semaines (on vous en parle plus bas).
Le Parti socialiste (S&D) talonne la majorité présidentielle avec 14% des scrutins.
La France insoumise (La Gauche) fait un meilleur score qu’aux dernières élections (10,1% contre 6,3% en 2019) tandis que le score des Républicains (PPE) se tasse (7,2% contre 8,5% en 2019).
Les Verts sont ras-les-pâquerettes avec un score de 5,5%.
Reconquête (ECR) fait son entrée au Parlement européen avec 5,3% des voix.
CONTRASTE • Le mot-clé des résultats de ces européennes : contraste.
Au niveau européen, la répartition des sièges entre les groupes politiques reste globalement stable. La forte montée de l’extrême droite observée en France et en Italie — et dans une moindre mesure en Allemagne — est contrebalancée par les résultats dans la majorité des autres États membres, où les partis affiliés aux groupes ID et ECR n’ont pas fait d’aussi bons résultats.
Dans les pays nordiques, les partis écologistes et d’extrême gauche font une poussée très importante, tandis que les résultats de l’extrême droite déçoivent :
En Finlande, l’Alliance de gauche (Groupe de la Gauche) se hisse de la sixième à la deuxième place, derrière le Parti de la coalition nationale (PPE). Le Parti des Finlandais (ECR) fait un score deux fois inférieur à 2019.
En Suède, les écologistes passent devant les Démocrates suédois (ECR) qui font un moins bon score qu’en 2019.
Au Danemark, les écologistes talonnent les libéraux et les sociaux-démocrates.
En Pologne, le parti d’extrême droite de la Confédération fait son entrée au Parlement européen, mais avec un résultat également décevant (11,8%). La Coalition civique de Donald Tusk fait le meilleur score (37,4%) tandis que le parti Droit et justice finit en deuxième place d’une élection (35,7%) pour la première fois en 10 ans.
Au Pays-Bas, le parti d’extrême droite de Geert Wilders fait un très bon score (17,7%) mais, contrairement à ce qu’annonçaient les sondages ces dernières semaines, se fait devancer par l’alliance entre les socialistes et les verts (21,6%).
À BERLIN • Outre-Rhin, ces élections sont un désaveu pour le chancelier Olaf Scholz (SPD) et sa coalition. La victoire de la CDU/CSU (centre-droit) était attendue : le vrai duel concernait la deuxième place, et l’AfD est parvenue à s’y hisser devant les sociaux démocrates du SPD.
L’AfD remporte 15,6% des suffrages contre 11% en 2019, tandis que le SPD fait moins bien qu’en 2019 avec un score de 14,1%.
Les résultats sont aussi décevants pour le reste de la coalition SPD-FDP-Verts. Les libéraux du FDP stagnent tandis que les Verts perdent 9 sièges au Parlement européen.
À ROME • Côté italien, le scrutin est une victoire pour Giorgia Meloni. Le parti des Frères d’Italie fait mieux qu’aux élections législatives de 2022, avec 28,6% des voix.
L’autre parti d’extrême droite italien, la Ligue, dégringole avec 8,8% des voix contre 34,3% en 2019. La Ligue est légèrement devancée par le Mouvement 5 étoiles, et talonnée par Forza Italia.
À PARIS • En France, à l’annonce de la percée attendue du Rassemblement national a succédé le choc de la dissolution de l’Assemblée nationale.
Les législatives — qui ont lieu le 30 juin et le 7 juillet — donnent le sentiment étrange qu’une nouvelle élection (nationale) était nécessaire pour prendre acte d’un scrutin au résultat déjà clair.
La France aborde un été crucial au niveau européen dans un contexte d’incertitude politique nationale important. La position française quant à la reconduction d’Ursula von der Leyen à la tête de la Commission en sera forcément affectée.
En cas de défaite de la majorité présidentielle aux législatives, le gouvernement de cohabitation serait en mesure d’imprimer sa marque au niveau européen. Ce sont les ministres des Etats membres qui siègent au Conseil de l’UE, lequel est officiellement colégislateur avec le Parlement européen. Les chefs d’Etat se réunissent au Conseil européen.
On se souviendra des passes d’armes entre Jacques Chirac et Lionel Jospin lors de la présidence française du Conseil de l’UE en 2000, lesquels avaient pourtant juré de parler d’une seule voix sur l’Europe. Et si vous aimez les archives, revenez avec l’INA sur un duo Mitterrand-Balladur tout en courtoisie au Conseil européen de Copenhague en 1993.
A terme — sauf nouvelle dissolution d’ici là — la décorrélation des législatives et des présidentielles fait peser le risque d’avoir plus fréquemment des gouvernements de cohabitation en deuxième partie de mandat. Et avec cela le risque d’une France parlant à deux voix discordantes sur la scène européenne à Bruxelles.
URSULA • Les résultats des élections semblent confirmer le scénario qui attend Ursula von der Leyen, candidate à sa propre succession à la tête de la Commission européenne.
L’affaiblissement de la coalition pro-européenne — qui a rendu sa désignation possible en 2019 — signifie que l’ancienne ministre allemande devra rallier des membres d’autres groupes politiques à sa cause, d’autant plus que certains partis de sa coalition ont déjà annoncé qu’ils ne la soutiendraient pas.
Le président du PPE, Manfred Weber, a appelé Olaf Scholz et Emmanuel Macron à prendre acte du résultat des élections en soutenant la candidature de von der Leyen. “Toute autre solution conduirait à une grande instabilité politique en Europe et je vous mets en garde contre cela. C'est pourquoi nous avons besoin que les autres partis fassent rapidement preuve de clarté”, a-t-il déclaré après les résultats du scrutin.
LA SUITE • Dans les prochaines semaines, les eurodéputés seront occupés à renégocier les contours des différents groupes parlementaires européens.
De leur côté, les chefs d’Etat et de gouvernement des Etats membres s’apprêtent à s’engager dans d’âpres négociations sur la présidence de la Commission européenne et les différents commissaires.
Collaboration commerciale avec Peugeot
Avez-vous vu passer une voiture dans le ciel récemment ? Parce qu'on croit avoir aperçu la nouvelle Peugeot E-208 avant qu'elle atterrisse en parachute à la nouvelle Seine Musicale de Paris... Découvrez la vidéo !
En parlant de la nouvelle E-208, Peugeot franchit avec cette citadine SUV électrique une étape majeure en matière de connectivité et d’électrification. La E-208 dispose du système d’info-divertissement de dernière génération : Peugeot i-Connect® Advanced. Mais surtout, la E-208 offre jusqu’à 410 km d’autonomie, grâce à sa nouvelle motorisation 100 % électrique de 115 kW/156 ch, associée à une impressionnante batterie de 51 kWh.
BIG MAC • McDonald’s a perdu une bataille juridique quant au droit exclusif de l’utilisation du label “Big Mac” pour les burgers au poulet vendus dans l’UE.
La Tribunal de l’UE a jugé que McDonald’s n’avait pas démontré un “usage sérieux pendant une période ininterrompue de cinq ans” de la marque pour ses burgers de volaille.
McDonalds a déposé le nom “Big Mac” comme marque dans l’UE en 1996. La chaîne de fast food irlandaise Supermac’s a fait valoir que McDonald’s avait entravé son expansion à travers l’Europe en conservant le label sans l'utiliser pour certains produits, tels que ceux contenant du poulet.
Supermac’s avait présenté une demande de déchéance de la marque “Big Mac” en 2017, et l’Office de l’Union européenne pour la propriété intellectuelle (EUIPO) avait partiellement accueilli cette demande en 2019.
A l’instar de Supermac’s, d’autres entreprises pourront à présent utiliser le nom “Big Mac” pour leurs produits à base de volaille.
McDonald's conserve la marque pour ses burgers au bœuf. Cette décision peut encore faire l'objet d'un appel devant la Cour de justice de l'Union européenne.
ELARGISSEMENT • L'Ukraine et la Moldavie remplissent les conditions nécessaires pour entamer les négociations d'adhésion à l'Union. C’est ce qu’a déclaré une porte-parole de la Commission le 7 juin lors d’un midday press briefing. La décision finale de lancer les discussions d'adhésion repose sur les États membres de l'UE.
Douze gouvernements ont adressé une lettre commune à la présidence belge de Conseil de l'UE pour faire avancer le processus d'adhésion de l'Ukraine et de la Moldavie d’ici la fin juin — avec un conseil “affaires générales” le 25 suivi par une réunion du Conseil européen les 27-28.
Les signataires sont la République tchèque, la Suède, l'Estonie, la Finlande, le Portugal, la Lettonie, la Pologne, la Lituanie, l'Allemagne, la Slovénie, la Roumanie et la Slovaquie.
Certains pays de l'UE trainent les pieds. La Hongrie s'oppose fermement à l'entrée de l'Ukraine dans l'UE. Budapest, qui prendra la présidence tournante du Conseil de l'UE en juillet, pourrait donc retarder le début des discussions d'adhésion de l'Ukraine.
De son côté, la France a manifesté son soutien ferme à l'Ukraine et à la Moldavie dans leur démarche d'intégration à l'UE, ainsi que leur candidature à l'OTAN. Le président Macron a également annoncé un fonds de soutien de 200 millions d'euros pour aider l'économie ukrainienne, notamment les entreprises souhaitant exporter et investir dans les infrastructures critiques du pays.
Pour rappel, l'Ukraine a soumis sa candidature pour rejoindre l'UE en février 2022, peu de temps après le début de l'invasion par la Russie. La Moldavie a à son tour soumis sa candidature un mois plus tard. Les deux pays ont ensuite obtenu le statut de candidat en juin 2023.
BCE • Le 6 juin, la Banque centrale européenne (BCE) a annoncé une baisse de ses trois taux d’intérêt directeurs — la première depuis 5 ans. Entre l’été 2022 et septembre 2023, la BCE avait augmenté ses taux 10 fois.
La baisse adoptée par le Conseil des gouverneurs s’élève à un quart de point et fait passer le taux de dépôt à 3,75%. “Depuis septembre 2023, l’inflation s’est ralentie de plus de 2,5 points de pourcentage et les perspectives d’inflation se sont nettement améliorées”, explique la BCE dans un communiqué de presse.
Cette baisse était attendue : elle avait été pré-annoncée par plusieurs gouverneurs de la BCE. La présidente de la BCE Christine Lagarde a déclaré qu'il était "très probable" que cette baisse ne soit que la première d’une longue série, sans pour autant s’avancer sur l’agenda des prochains mois.
Dans son communiqué de presse, le Conseil des gouverneurs a déclaré qu’il maintiendrait “une approche s’appuyant sur les données, réunion par réunion” afin de déterminer “le degré et la durée de cette orientation restrictive”.
Christina Keßler défend l’institution du Spitzenkandidat dans une note pour le CER.
Zsolt Darvas, pour Bruegel, et Basile Grassi, pour VoxEU, s’intéressent à la convergence économique entre l'Est et l'Ouest, vingt ans après l'adhésion simultanée de dix pays à l'UE.
Cette édition a été préparée par l’équipe de What’s up EU, notamment Elisa Zevio, Lidia Bilali, Lucie Ronchewski et Maxence de la Rochère. À la semaine prochaine !